EXAMEN
II. PART. les sépultures, &c., etaient relégués hors de leurs murail-
Lsrcriox- les, ces edifices aperçus à travers une ou deux rangées
d’arbres plantés de chaque côté des routes pour défendre
les voyageurs contre l’ardeur du soleil , soit qu’ils se des-
sinassent sur le ciel, soit qu’ils le fissent sur des bois ou
sur des montagnes, offriraient tout naturellement les ta-
bleaux les plus variés, les plus magnifiques, les plus inté-
ressans ; la meilleure manière de décorer les abords des
villes, ainsi que tous les edifices possibles, est donc de ne
point s'occuper de leur décoration, et de n’avoir en vue
que la convenance de leur disposition.
C’est en effet à ce systême qu’Athènes, Rome, Palmyre,
Sieyone , Pouzoles, Taorminum, &c. etaient redevables
de la magnificence de leurs abords ; c’était de cette multi-
tude de monumens intéressans, répandus parmi des arbres,
que le Céramique et la voie Appienne empruntaient toute
leur noblesse et tous leurs charmes; c’est d’une semblable
disposition que naissent les sensations délicieuses que l’on
eprouve encore dans ces lieux du royaume de Naples ,
appelés Champs élysées, et qui sont situés sur les bords
du lac Achéron.
Il ne serait rien moins que nécessaire pour la beauté
d’une route que les monumens funéraires répandus sur
ses-bords fussent aussi colosseaux que les pyramides d’E-
gypte, ni aussi pompeux que les tombeaux d’Adrien,
d'Auguste et de Septime - Sévère, On ne peut à la vé-
rité se défendre d’un sentiment d’admiration à l’aspect
de ces etonnantes productions de la patience et de l’indus-
trie humaines ; mais lorsqu’on vient à réfléchir sur Pinsi-
gnifiance de ces monumens,, sur leur inutilité, sur le
nombre d’édifices utiles que l’on aurait pu construire
avec ce qu’ils ont du couter, sur le dégré de magnificence
que des edifices plus nombreux auraient infailliblement pro-
a,