L’ÉGLISE DE ST. REMY, À DIEPPE.
La première pièrre de cette église fut posée en 1522, et le 25 Février, 1545,
le chœur et toutes les chapelles latérales étant achevés, on y transporta le Saint
Sacrement, et l’office divin y fut célébré solennellement.
La construction de S. Rémy ayant été suspendue vers 1560, par les troubles
réligieux, l’édifice resta inachevé pendant près de cinquante ans. Le chœur seul
étoit complètement terminé. On n’avoit encore fondé que quelques pilliers de la
nef : gros et lourds pilliers dans le style de ceux des églises de la Hollande. Ce ne
fut qu’en 1605, qu’on se remit â l’œuvre. La nef ne fut complètement construite et
couverte qu’en 1663. Le portail qui regarde la mer avoit été achevé en 1609 ;
celui qui fait face à la grande rue ne fut terminé qu’en 1643. Quand au grand
portail, celle de ses deux tours qui est du coté de la mer fut bâtie en 1633 ; l’autre
qu’on avoit commencée en 1630, ne fut complètement construite qu’en 1686.
Ces portails et ces tours ainsi que toutes les parties édifiées au dixhuitième
siècle sont dans le style Italien bâtard : c’est un certain genre Palladio-Françisé, un
mélangé de tous les ordres, des ornemens chantournés confondus avec des triglyphes
et de soidisant métopes ; en un mot, l’assemblage le plus lourd et le moins
gracieux.
A l’entrée de l’église il y’a un petit bénitier audessous de la tour du midi.
Comme tous le Cicerone le montrent aux étrangers, comme plusieurs antiquaires,
entre autres M. Dawson Turner, lui ont accordé leur attention il faut en dire
quelques mots, “ quoiquil ne me semble pas” (dit M. Vitel dans son histoire de la
ville de Dieppe) avoir l’importance qu’on lui attribue. Des caractères bizarres qui
n’appartiennent à aucun Alphabet, sont sculptés autour de ce bénitier ; entre les
caractères on remarque de petits mitres d’evêques ; il y’a sept caractères et sept
mitres alternativement. On a essayé de déchiffrer et expliquer ces caractères. Si
j’avois une conjecture à hasarder je dirois que ce sont des chiffres mal formés, et
que la maladresse de l’ouvrier est la seule cause du mystère.”