DISCOURS PRÉLIMINAIRE. 15
sorte, forcés de le copier avec son tailloir frêle et chan-
tourné, et ses volutes en forme de coupeaux, l’éxemple
des chapiteaux corinthiens du tombeau de Mylassa et de
la tour des vents où les tailloirs sont quarrés et où l’on
ne remarque pas de volutes, les exemples plus nombreux
encore de ces superbes chapiteaux egyptiens composés dans
le même système sont des autorités bien capables de nous
rassurer, lorsque nous voudrons oter au chapiteau corin-
thien ce qu’il a d’insignifiant et d’inutile, et que nous vou-
drons lui rendre ce qui lui manque pour remplir parfai-
tement sa destination.
Que si les triglyphes qui ne servent à rien, qui ne res-
semblent à rien ou du moins à rien de raisonnable , se
rencontrent presque toujours dans les edifices doriques
grecs ou romains, les edifices de ce genre offrent cepen-
dant plusieurs exemples où les triglyphes sont supprimés,
tels que la chapelle d’Agraule à Athènes, les bains de
Paul-Emile et le colisée à Rome, l’amphithéatre de Nismes;
que de plus les Grecs n'ayant point connu de distinction
d'ordre et n'ayant pointmisdetriglyphesdansles frises ioni-
ques et corinthiennes où cependant ils auraient eté aussi
nécessaires, s'ils l’avaient eté dans la frise de l’ordre do-
rique, nous sommes fondés à les faire disparaitre à jamais
sans blesser nos habitudes ni le respect que l’antique a
droit de nous inspirer. ,
Ayant ainsi distingué parmi les détails antiques ceux
qu’on doit adopter de ceux qu’on doit rejeter, nous avons
jeté un coup-d'œil sur ceux que l’on peuttolérer, c’est-à-dire,
sur les moulures et sur leurs combinaisons. Nous avons
remarqué que les moulures ne servant à rien, ne ressem-
blant à rien, ne méritaient notre attention qu’à raison de
l’habitude que nous avons d’en faire usage, que d’après