DISCOURS PRÉLIMINAIRE; 15
l’Architecture, que ses beautés proviennent moins de là
forme et de la proportion des objets dont elle fait usage
que de leur disposition.
« Passant des elémens des edifices à leur combinaison
nous avons vu que dans un edifice quelconque les co-
lonnes doivent toujours etre espacées egalement, afin dé
soutenir une egale portion du fardeau; qu’elles doivent
etre eloignées du mur au moins d’un entre-colonne, sans
quoi elles ne cerviraient à rien ; que cette combinaison
de murs et de colonnes, bonnet pour des edifices peu
considérables dans lesquels on emploie les soutiens les
plus courts et les plus espacés, ne conviendrait pas à des
edifices d'une très-grande importance dans lesquels on
emploieroit des soutiens plus elevés et plus rapprochés , les
portiques qui en résulteraient devenant trop etroits pour
leur usage et pour leur hauteur ; que pour rendre ces por-
tiques convenables , il fallait, au lieu d’un entr”-axe
entre l’axe du mur et celui des colonnes, en mettre deux,
quelquefois jusqu’à trois.
“ Que la nature de la construction de la partie supé-
rieure des portiques donnait encore naissance à d’autres
combinaisons; que, si un portique de plusieurs entr”axes
de largeur au lieu d’être plafonné etait vouté, un seul
rang de colonnes ne suffisant pas pour résister à la pous-
sée de la voute, il fallait en mettre un second sur l’axe
suivant ; que, si cette voute au lieu d’être cylindrique etait
en plate-bande , il fallait placer des colonnes sur toutes
les intersections des axes,
Que les pilastres n’étant que des soutiens engagés , des
chaines de pierre qui entrent dans la composition de l’os-
sature des edifices, leur place etait fixée aux angles de
ces edifices, aux endroits où les murs de refend se réu-
nissent aux murs de face, et à la tête des murs latéraux